Nous n’avons jamais vécu aussi longtemps. Les plus de 85 ans seront 5 millions en 2060, le bien vieillir devient une priorité publique : l’enjeu est à la fois sanitaire, financier, mais aussi sociétal. Soulager les douleurs, rester mobile, diminuer les prises de médicaments… Et si la médecine thermale était l’un des secrets du bien vieillir ?
Soulager la douleur en évitant l’excès de médication
“Si je m’étais laissée aller, je serais sous médicaments aujourd’hui alors que là, c’est l’eau qui me soulage” déclare Nicole, 73 ans, curiste en rhumatologie. “Cela fait près de 20 ans que je fais des cures presque chaque année pour mon dos”. La raison du mal de dos de Nicole est partagée par de nombreux curistes : le travail. “ J’ai été vigneronne en Champagne. Aujourd’hui, je souffre d’arthrose et ma colonne vertébrale est déviée” continue-t-elle.
Après 3 semaines de cure, le résultat constaté est également commun à la plupart des curistes venus pour des soins de rhumatologie : “ En plus de soulager mes douleurs, la cure m’a également aidée à préserver mon corps, elle m’aide à bien vieillir. Grâce à la cure, je peux continuer à être active, à bouger. Mais pas n’importe comment: en cure, j’ai appris à bien bouger. Maintenant, je fais du yoga, du jardinage, du vélo, de la natation… ” constate- t-elle.
Lorsqu’on a des douleurs articulaires, continuer à bouger, c’est la clé. Mais pas n’importe comment ! Patrice, 68 ans, directeur d’agence immobilière à la retraite, le sait. Ancien sportif de haut niveau, ses courses de longue distance quotidiennes commencent à lui provoquer des douleurs au dos, le bridant dans sa passion. Grâce à la cure, il a retrouvé une activité physique.“C’est ma 4e cure et je me rends compte que c’est un moment où l’on prend du temps pour soi” commence-t-il. “Je ne suis pas médecin” avoue Patrice, “mais les bienfaits de la médecine thermale, je les constate dans ma vie de tous les jours. Hier par exemple, j’ai fait une course de 5 heures en montagne ! ”.
D’abord sceptique, Patrice recommande aujourd’hui la cure autour de lui. Ce qui l’a convaincu, c’est aussi un effet qu’il n’avait pas prévu : la réduction de consommation de médicaments et de soins. Et il n’est pas le seul : “Mon médecin traitant le constate, les personnes à qui il a prescrit des cures thermales ont beaucoup moins besoin de médicaments à leur retour ”.
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« Certains curistes n’ont plus besoin de prescriptions médicamenteuses pendant de longues périodes, d’autres les réduisent »
La prise médicamenteuse est, elle aussi, au cœur des enjeux du bien vieillir. La prise en charge des maladies chroniques coûte aujourd’hui plus de 100 milliards d’euros à l’Assurance maladie. Elles arrivent en deuxième place des pathologies les plus coûteuses, après la prise en charge des cancers. Au-delà de la problématique financière, les seniors sont sujets à une trop grande polymédication. Une étude financée par Santé Clair, un réseau de complémentaires santé, a montré que les seniors interrogés consomment en moyenne 14 médicaments différents de manière continue. Or, selon l’Assurance maladie, les accidents liés aux médicaments occasionnent près de 130 000 hospitalisations par an ainsi que 7 500 décès chez les patients de plus de 65 ans. Parmi les médicaments les plus souvent prescrits pour les seniors, on retrouve : des antidiurétiques, des psychotropes ou encore des antihypertenseurs. C’est autant de traitements prescrits dans le cadre de pathologies qui peuvent être soulagées par la médecine thermale, même si la cure ne signifie pas arrêt systématique des médicaments.
“ Les soins thermaux sont un allié du bien vieillir parce qu’il s’agit d’un traitement de fond. Peu importe les raisons de leur venue et leurs orientations, les curistes ne verront pas forcément les bienfaits dans les semaines qui suivent leur cure” explique Monique Hilaire, directrice d’une station thermale. “Mais cela leur permet de passer un hiver voire plus, sans avoir recours à des médicaments ou presque ” ajoute-t- elle. Un constat partagé par Sophie Théaude, responsable de station : “ Les curistes sont là pour se soigner, se soulager, trouver un complément à la médecine traditionnelle ” note-t-elle.“Il y a des bienfaits certains dans la médecine thermale, dus notamment à l’eau”.
La cure à double orientation, c’est prendre soin de sa santé, dans sa globalité
“Je suis en cure double orientation ORL et rhumatologie depuis une quinzaine d’années ”confie Maurice. “ J’ai des problèmes de sinusites, angines, otites à répétition. La rhumatologie, c’est pour soulager et prévenir mes douleurs musculaires surtout ” continue- t-il. “Avant, j’étais six à sept mois sous antibiotiques en continu. Depuis la première cure, je n’ai plus jamais eu d’ennuis, ni de prise médicamenteuse pour cette cause » témoigne-t-il.
Comme Maurice, certains patients se voient prescrire une cure double orientation afin de maximiser les bienfaits de leur séjour thermal. “ Les patients qui souffrent d’une pathologie particulière, mais aussi d’une autre pathologie, moins handicapante au quotidien, se voient prescrire par leur médecin traitant une cure en orientation principale, et une autre en complément : la deuxième orientation » explique Monique Hilaire, directrice de station. “ Le véritable atout c’est qu’on prend soin de sa santé dans sa globalité ”.
L’arthrose touche 85 %des plus de 85 ans : la quasi-totalité des
seniors est concernée
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Jean-Luc, 61 ans, ouvrier retraité et pompier volontaire, vient en cure depuis trois ans en double orientation rhumatologie et voies respiratoires. Après avoir survécu à un accident de voiture en 1987, il a dû se faire soigner pour une double hernie discale et de l’arthrose. “En plus de moins souffrir du dos, je ne tombe plus malade l’hiver” explique Jean-Luc. “ Les rhumes à répétition, je ne sais plus ce que c’est! Je continue parce que je constate que c’est grâce à la cure”.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Les seniors de plus en plus sujets aux troubles anxieux
En 2016, près de 8 curistes sur 10 sont venus pour une orientation principale en rhumatologie. Mais la santé mentale est également une préoccupation chez les patients âgés. L’enquête de santé européenne Ehis-Esps (European Health Interview Survey – Enquête santé et protection sociale) révèle que la santé mentale des seniors est fréquemment touchée : 10 % des femmes et 4 % des hommes de 65 à 74 ans disent ressentir des symptômes dépressifs, et au-delà de 75 ans les chi res augmentent avec 22 % des femmes et 13 % des hommes.
Les différentes dimensions de la cure thermale : antalgique, éducative et rééducative
“La base sur laquelle est axée mon traitement, c’est l’éducation thérapeutique du patient ” insiste Thomas, kinésithérapeute en station thermale. “Mon but, c’est que lorsqu’ils sont chez eux et qu’ils commencent à ressentir les effets de leur pathologie, ils puissent avoir des outils sous la main pour se soulager ” continue-t-il. Concrètement ?“Si un patient commence à ressentir les effets d’une bronchite, par exemple, je lui apprends
qu’il peut, simplement, avec une bouteille et une paille, décoller les sécrétions et les envoyer vers la périphérie
pour se soulager” explique le jeune homme de 27 ans.“Ce qui est important pour moi, c’est de faire prendre
conscience aux curistes qu’ils doivent réintégrer dans leur vie certaines bases pour soulager durablement leurs pathologies” termine-t-il.
“ L’activité physique en cure thermale est pour moi un pilier, tout simplement parce que notre corps estfait pour bouger ”
Son objectif est partagé par Louis, éducateur sportif, travaillant, lui aussi, en station thermale.“ Au départ, les curistes ont beaucoup moins de souplesse, de facilité à bouger. On constate une vraie évolution sur 3 semaines: ils ont une meilleure endurance au niveau vasculaire et musculaire” remarque-t-il. “L’activité physique en cure thermale est pour moi un pilier, comme la nutrition, et, bien sûr, les soins en eux- mêmes. Tout simplement parce que notre corps est fait pour bouger” s’exclame Louis.“On dit souvent que le mal de dos est le mal du siècle mais c’est aussi parce qu’on ne bouge pas assez. Allier l’activité physique aux soins thermaux est essentiel pour soulager les pathologies”.
