La médecine thermale offre des solutions thérapeutiques utiles pour certains types d’affections chez les enfants, en particulier pour les rhino-sinusites chroniques ou les otites subaiguës récidivantes, les dermatites atopiques, l’asthme, les rhinites allergiques ou les pathologies cutanées (psoriasis, ichtyose par exemple).
Cure thermale et dermatologie chez l’enfant
L’eczéma infantile
L’eczéma infantile traité en cure thermale est la dermatite atopique (D.A.) : sa fréquence atteint 10 % des enfants. Il s’agit d’une affection essentiellement de cause génétique, qui peut néanmoins impliquer aussi des facteurs immunitaires et d’environnement. Les signes apparaissent chez le nourrisson (60 % des D.A. apparaissent durant la première année de la vie). La guérison peut être complète et définitive, ou bien une guérison apparente peut être suivie d’une récidive à type d’eczéma, d’asthme, de rhinite ou de conjonctivite allergiques. Dans quelques cas, la D.A. peut persister toute la vie. Elle entraîne un prurit majeur qui altère considérablement la qualité de vie.
Le psoriasis
Le psoriasis est une affection chronique qui atteint 3 % de la population mondiale. Un tiers des psoriasis sont diagnostiqués avant l’âge de 15 ans, parfois chez le nourrisson chez qui il se présente sous la forme trompeuse d’un érythème fessier. Chez l’enfant plus grand, il prend la forme spéciale de psoriasis en gouttes. Il est le plus souvent familial : 50 % des enfants psoriasiques ont un parent proche atteint. Cette dermatose invalidante entraîne un retentissement important sur la vie quotidienne du jeune : moquerie des camarades, difficulté à pratiquer un sport et à sociabiliser.
Psoriasis et eczéma ont un point commun : ce sont de véritables fardeaux entraînant de nombreux handicaps, en particulier psychologiques et socio-économiques, que ça soit la contrainte et le coût des soins, l’absentéisme scolaire ou bien l’incompréhension de la société et de l’entourage. Ces lésions cutanées ont un impact sur la qualité de la vie, non seulement des enfants mais aussi de leurs familles. La mauvaise adhésion du malade au traitement est la cause principale des échecs : ils sont souvent dûs à des soins très astreignants, au manque de connaissance de la maladie et à des croyances erronées (cortico-phobie).
Les séquelles des grandes brûlures
La cure thermale est devenue une étape recommandée chez tous les grands brûlés, enfants compris, en particulier pour les cicatrices hypertrophiques. Les grands brûlés viennent de plus en plus tôt et on constate que leurs lésions sont de sévérité croissante, en raison des progrès de la réanimation et de la chirurgie.
Les soins thermaux des grands brûlés ont 3 buts : améliorer le prurit infernal qui entraîne souvent des insomnies graves, atténuer l’épaisseur des cicatrices et assouplir la peau.
Les grandes ichtyoses
Les ichtyoses, en particulier lamellaires, sont des maladies où la peau, extrêmement sèche, se recouvre de véritables écailles sur tout le corps.
Les soins thermaux
Les soins externes sont l’essentiel de la cure dermatologique. L’hydrothérapie a un effet maximal en dermatologie car les eaux minérales sont mises directement au contact des tissus lésés. Les différentes techniques sont les bains, les pulvérisations et les douches filiformes. Il faut rappeler que les applications d’eau sur les dermatoses les plus variées ont toujours fait partie des thérapeutiques dermatologiques. Un service de dermatologie se distingue des autres services hospitaliers par le nombre, la taille et l’équipement des salles de bains, douches et pulvérisations.
La dermatologie thermale se distingue essentiellement par l’intensité de pratiques hydrothérapiques utilisant des eaux minérales naturelles. Les bains sont généraux ou locaux. La douche filiforme est un soin essentiel ; elle est pratiquée par le dermatologue lui-même, tous les matins, et possède une action vasomotrice, antalgique, anti-prurigineuse. Les soins complémentaires font appel aux massages des cicatrices et des brides cicatricielles, enveloppements dermatologiques et soins hydratants pour les eczémas et les psoriasis.
Le médecin, ainsi que les parents, devront rassurer l’enfant :
cela passe en premier lieu par une description des soins.
L’accompagnement psychothérapique, l’accueil des enfants non accompagnés, la compagnie des autres enfants atteints et les échanges complètent le traitement. Les maladies dermatologiques chroniques altèrent la qualité de vie : « si elles ne tuent pas, elles empêchent de vivre » puisque pour le moment aucun traitement ne peut assurer leur guérison définitive. L’exemple des cas graves est édifiant : dès qu’on essaie d’évoquer l’importance des facteurs génétiques, on provoque une culpabilité des parents et des conflits familiaux incontrôlables. Le dialogue médecin-malade est ici central.

Un dialogue entre la famille et le médecin

L’enfant doit rester au cœur du dialogue dans la famille et avec le médecin, il doit participer au projet et y adhérer. Le médecin, ainsi que les parents, devront rassurer l’enfant avant son départ : cela passe en premier lieu par une description des soins, pour dissiper la peur de l’inconnu (soins non invasifs, à base d’eau et de vapeur, présence d’autres enfants, encadrement à chaque moment par du personnel formé, etc.).
Les parents peuvent également être inquiets : il est toujours utile de leur rappeler qu’ils peuvent accompagner leur enfant pendant toute la durée des soins et qu’il n’existe aucun risque dans le cadre des soins thermaux, très bien tolérés par les enfants dès le plus jeune âge.
Les parents sont parfois surpris par la durée du traitement : la cure dure toujours 18 jours (18 jours de soin à raison de 6 jours par semaine, soit un séjour de 21 jours au total). Ils doivent comprendre que c’est la durée nécessaire pour que la thérapeutique soit efficace, et que les bénéfices sur la santé de leur enfant se fassent ensuite sentir durant de longs mois.

L’avis de Frederic Laval, psychologue
« Les maladies chroniques telles que l’eczéma ont un impact sur le développement psycho-affectif de l’enfant. La sphère cutanée est le lieu de contact avec le monde environnant: si cette zone le fait souffrir, il ne peut trouver l’apaisement dans le repli de l’intériorité du sommeil et des rêves. Ces enfants supportent souvent mal la séparation, ils peuvent se sentir abandonnés à leur douleur et revendiquent alors la présence des parents souvent en difficulté pour trouver la bonne distance. La dermatose entre d’emblée dans le circuit des interactions, le parent est tenté de répondre dans l’immédiateté aux sollicitations de son enfant quand il le voit se gratter, ce qui peut favoriser chez celui-ci le développement d’une intolérance à la frustration. La dermatose affecte aussi directement l’image de l’enfant, qui peut se sentir différent et rejeté, l’ensemble de cette configuration ne l’aidant pas à se socialiser et à s’autonomiser. »