En France, le cancer du sein est responsable de 11 000 morts chaque année, chiffre stable depuis les années 2000. Les taux de survie à 3 et à 5 ans sont en moyenne de 90 % et 85 %. Ils diminuent cependant avec l’âge et la sévérité du stade au moment du diagnostic. On dénombre 50 000 nouvelles patientes chaque année, soit environ 400 000 françaises en rémission. De plus en plus d’établissements thermaux proposent une prise en charge des patientes après un traitement pour un cancer du sein. Nouvelle approche thérapeutique, la cure post-cancer les accompagne dans la récupération physique et psychologique. L’étude PACThe atteste du bénéfice des cures thermales et démontre scientifiquement l’effet positif et durable d’un séjour de deux semaines en station thermale sur la qualité de vie à court terme, l’amélioration de l’estime de soi, et la diminution à long terme des risques de récidive.
La phase de rémission du cancer du sein, période charnière dans le traitement des patientes
La maladie cancéreuse provoque de nombreux bouleversements pour les patientes et leurs proches. La phase de rémission n’est pas toujours vécue positivement : la maladie, ainsi que les effets des traitements associés, entraînent chez les patientes une diminution des capacités physiques et morales, les contraignant à réduire ou cesser certaines activités, au premier rang desquelles l’activité professionnelle. La patiente n’est plus malade, mais elle n’a pas non plus regagné pleinement sa « vie d’avant », d’autant moins lorsque la rémission de la maladie s’accompagne de douleurs.
De nombreuses femmes présentent une psychopathologie de la rémission après le traitement. Près de la moitié d’entre elles reprennent du poids (entre 2,5 et 5 kg). Et certaines présentent des symptômes de dépression pendant plusieurs mois après le traitement.
Si les soins prodigués peuvent être pris en charge par l’assurance maladie, d’autres charges doivent être supportées par la malade ou sa famille (recours à un psychothérapeute, à un nutritionniste, ou à toute forme de médecine non conventionnelle). Améliorer la qualité de la vie des patientes après le traitement est donc un vrai challenge pour les médecins oncologistes.
POUR ALLER PLUS LOIN :
Médecine thermale et cancer
Si PACThe est à l’heure actuelle la seule étude scientifique prouvant l’efficacité du thermalisme dans le traitement post-cancer, les stations thermales développent depuis plusieurs années des programmes spécialisés, aujourd’hui prisés des curistes. On peut citer certaines cures à orientation dermatologique, qui traitent particulièrement des séquelles cutanées pouvant survenir après les traitements de chimiothérapie et radiothérapie. Brûlures, cicatrices enflammées, peau réactive et irritable, muqueuses endommagées, prurit, syndrome palmo-plantaire… sont autant de symptômes qui peuvent être traités par des soins thermaux.
Les stations spécialisées en phlébologie proposent également des cures dédiées au traitement du lymphoedème du membre supérieur, conséquence bien connue du traitement du cancer du sein. Très handicapant, il s’accompagne d’un préjudice esthétique et de possibles complications (thrombose veineuse, infection …) mettant en danger la vie du patient qui ne serait pas suivi.
Attention toutefois, un certain nombre de cures spécialisées dans le traitement post-cancer sont des cures courtes (moins de 18 jours de soins), ou des programmes éducatifs d’accompagnement et de réhabilitation venant en complément d’une cure classique : ces prestations, non reconnues par l’Assurance Maladie, ne peuvent faire l’objet d’un remboursement.
Évaluer le thermalisme comme levier d’amélioration de la qualité de vie des patientes en rémission de leur cancer du sein
Dès 2008, une étude a été initiée par le Pr Yves-Jean Bignon, Directeur du département d’oncogénétique du centre de lutte contre le cancer Jean-Perrin de Clermont-Ferrand. Pendant 12 jours, par groupe de dix, les patientes bénéficiaient de soins thermaux, d’une activité physique adaptée et encadrée, d’une évaluation psychologique et d’une mise en pratique de recommandations nutritionnelles. En comparaison, un « groupe témoin » n’a bénéficié que d’un suivi hygiéno-diététique. « L’objectif principal de l’étude est d’améliorer durablement la qualité de vie des femmes dans les suites immédiates de cancer du sein. D’autres objectifs secondaires ont été mesurés. Le point de vue économique, pour diminuer les coûts des soins de suite pour l’assurance maladie. Le point de vue pondéral, pour éviter la prise de poids notamment grâce à la pratique d’une activité physique régulière. Sur le long terme, nous souhaitons via cette étude améliorer la survie et diminuer le risque de récidive de cette pathologie », explique le Dr Thierry Hanh, Médecin nutritionniste.
Les bienfaits de la cure thermale dans la réhabilitation post-thérapeutique
Les résultats ont été probants puisque le groupe ayant profité de la cure thermale de 2 semaines a vu ses indicateurs de qualité de vie augmenter significativement. Les effets positifs ont été mesurés 2 ans après la cure et sont donc avérés sur le long terme. Une baisse importante de la consommation des biens de santé, et notamment des recours aux actes de kinésithérapie, a également été enregistrée.
Un traitement qui convainc déjà les patientes, comme Jeanine, 70 ans : « J’ai effectué mon séjour au Mont-Dore. D’emblée, j’ai été conquise et j’ai tout adopté : le groupe, les soins, l’activité physique même si je n’en pratiquais plus depuis longtemps. Quel plaisir et surtout quels bienfaits ! Se sentir prise en charge, guidée dans ses activités, conseillée pour la nutrition. Pour moi, ces deux semaines ont été l’un des éléments essentiels de la réussite de mon retour à une vie normale. »
Le Programme d’accompagnement et de réhabilitation post-thérapeutique pour les femmes en rémission du cancer du sein en station thermale (PACThe) est le seul programme français de prise en charge des femmes en rémission complète de leur cancer du sein.
Publiée fin 2012 dans l’European Journal of Cancer, l’étude clinique menée au sein de trois établissements thermaux (Vichy, Le Mont-Dore et Châtel-Guyon) confirme les bienfaits de la cure thermale chez ces patientes.
Celles-ci ont été réparties en deux groupes : un groupe témoin de 135 femmes avec un suivi hygiéno-diététique simple ; et un groupe thermal de 135 femmes avec des soins de suite en station thermale (éducation nutritionnelle, accompagnement aux activités physiques, prise en charge psychologique, soins esthétiques, soins thermaux, kinésithérapie) pendant deux semaines en pension complète par groupe de dix personnes puis un suivi hygiéno-diététique.